Jean-Lionel Motard

Jean-Lionel Motard
Les grandes encres sur carton de Jean Lionel Motard offrent une méditation sur le monde imaginal*. Composées à partir de signes apparentés aux « lettres liquides » de la tradition hébraïque, l’esprit tient la main et la guide. L’œil attentif découvre dans ces motifs d’espoir la force du Verbe. De multiples figures surgissent pour une impression en temps réel sur l ‘écran de notre conscience. Par-delà nature et culture, une immense collection d’existants disparates apparaissent sous nos yeux, dissipant au passage nos cadres familiers . Étonnamment proche de l’art pariétal, ce travail rappelle celui de l’homme du paléolithique qui découvre à la faveur d’un relief de la paroi, l’équilibre fragile de symétries naturelles et utilise une coulée stalagmitique pour faire surgir de quelques traits noirs inspirés, un profil de mammouth ou de renne. Il évoque également la geste moyenâgeuse et le monde des druides, de Blaise et de Merlin et plus près de nous, l’art brut d’Augustin Lesage et jusqu’aux « tags » familiers signant les murs de nos mégalopoles. Comment ne pas y associer enfin l’homme trans-historique dégageant une constellation d’un ciel étoilé. D’une force immédiate et limpide, avec une remarquable économie de moyens, cet art ne se livre pas d’emblée au regard pressé contemporain. Il s’offre à la mesure de l’effort et ouvre alors, dans sa généreuse humilité, une fenêtre sur un sanctuaire dont nous pensions, à tort, être irrémédiablement exclus et dont les seules résurgences aujourd’hui seraient les allégories et les mythes. * cf L’imaginalion créatrice - Henry Corbin ART DESSIN PEINTURE GRAPHISME MONDE IMAGINAL Toujours, l’art pose plus de questions qu’il ne donne de réponses. Souvent, au contact répété de l’œuvre, nous sommes amenés à modifier nos cadres de lecture et d’intelligence. Parfois, l’expérience simultanée des opposés ouvre un champ de conscience. Ce que l’on n’osait imaginer finit par imprégner le sens commun et ce qui était tenu pour normal bascule vers l’impossible. Les grands cartons de Jean-Lionel Motard s’offrent à une méditation prolongée. Ce qu’on en retire est par nature difficile à décrire car on se heurte très vite à ses propres craintes émotionnelles, à un effroi quasi spirituel devant le va-et-vient entre absence de figuration et présence insaisissable. Une densité de signes simples force le regard à la rencontre de la surface. Il peut s’y perdre ou saisir sa chance d’atteindre un ailleurs, tout à la fois proche et lointain, pour se familiariser et se réconcilier avec l’au-delà de soi-même. Trompe-l’œil, mirage, taches sur lesquelles on projette ses propres fantasmes à la manière d’un test de Rorschach ? il faut avancer vers un peu plus de clarté, éliminer petit à petit les obstacles qui surgissent entre la main et l’idée, entre l’idée et l’œil de celui qui regarde. Le rejet ou le déni n’est jamais loin, mais une qualité de profondeur, de plénitude se dégage, qui invite à l’insistance. On accède alors à la jouissance d’expérimenter, comme dans une « première fois », la conscience réflexive d’un va-et-vient ontologique du signe et du sens. « Atteindre à cette clarté, c’est, forcément, se faire comprendre » Mark Rothko 1949

URL : http://jeanlionel.motard.pagesperso-orange.fr/


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